vendredi 7 novembre 2008

L’hagiographie au colloque Texts & Identities XII

Résumés réalisés par Sylvie Joye

La XIIe session du colloque international de doctorants T&I s’est tenue à Auxerre (Centre d’Études médiévales) du 17 au 19 octobre 2008.
Comité scientifique : Fr. Bougard (Paris Ouest Nanterre La Défense), M. de Jong (Utrecht), R. Le Jan (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), R. McKitterick (Cambridge), W. Pohl (Vienne), I. Wood (Leeds). Avec le soutien de la Mission Historique Française en Allemagne.

Nous présentons ici le résumé des exposés présentant des recherches en cours, fondées en tout ou partie sur des sources hagiographiques.

Rutger Kramer (Utrecht, doctorant bénéficiant d’un contrat dans le cadre du projet ANR DFG Hludowicus à la Freie Universität Berlin)
Rutger Kramer compte mettre régulièrement en ligne un état d’avancement de son travail sur son site personnel, où se trouve déjà le mémoire qu’il a consacré aux Gesta Sanctorum Rotonensium.
Il a déjà donné une première présentation de ses travaux dans la première rencontre du groupe Hludowicus qui s’est tenue à Limoges en juin 2008. Outre cette thèse, le projet Hludowicus a également lancé une étude de la crise des années 830 au travers des sources hagiographiques dans la province de Reims (S. Joye, Reims), les provinces de l’est (K. Krönert, Lille), la Bourgogne (S. Shimahara, Paris IV Sorbonne qui compte travailler aussi sur les récits de vision).
Representations of court and emperor in the Vita Benedicti Anianensis : some initial remarks
Le projet de thèse porte sur la représentation de la cour et de l’empereur dans les sources monastiques avant la crise des années 830 et suivantes. L’enquête porte pour l’instant sur la Vita Adalhardi, la Vita Alcuini et la Vita Benedicti Anianensis. Elle prend en compte aussi l’influence des idéaux de la cour et du siècle dans le monde monastique, et la perception du thème de la réforme. La Vita Benedicti Anianensis est en effet la seule source qui associerait clairement Benoît à la réforme. Aniane en 782 est sa seule fondation, puis il passe par Marmoutier et Inda (814-816), avant de mourir à la cour en 821. D’après la Vita, c’est Benoît qui demande à être envoyé à Inda après sa mort alors qu’une lettre de Louis le Pieux indique que c’est l’empereur qui a pris cette décision. Ardo décrit Benoît comme un nouveau venu à la cour quand Louis devient empereur. Un lien symbiotique est créé entre Louis et Benoît : l’empereur dépend de Benoît pour établir l’ordre dans son empire, et Benoît dépend de Louis pour répandre la réforme à travers le monde.
Dominique Iogna-Prat rappelle dans la discussion l’intérêt des propositions faites par Pierre Chastang dans sa thèse (Lire, écrire transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XIe-XIIIe siècle), Paris, 2001) sur la réécriture de la Vie au XIIe siècle.
Mayke de Jong annonce qu’elle a achevé sa traduction de l’Epitaphium Arsenii, à paraître dans les mois à venir.

Laurence Leleu (Paris I Panthéon-Sorbonne)
Studying the medieval kin : some reflexions about the word ‘nepos’ in german sources around the year 1000
L’étude sur le vocabulaire de la parenté dans le monde ottonien présentée le 18 octobre par Laurence Leleu a sollicité en bonne part les sources hagiographiques, notamment la Vita Brunonis de Ruotger, la Vita Mathilda Antiquior et la Vie de Thierry par Sigerbert de Gembloux. Dans ces Vies, le terme nepos désigne classiquement le neveu ou le petit-fils. En revanche, on trouve dans d’autres, comme la Vie de Brun d’Egisheim (Grégoire V) le terme de nepos pour désigner Conrad II, lié à un degré de parenté 4:3 (l’auteur parle aussi de consanguineus pour le même personnage). La théorie de D. C. Jackman qui proposait de considérer qu’on ne parlait pas de nepos au-delà d’un rapport 3:2 semble donc devoir être abandonnée. Il faut donc revoir certaines reconstitutions de parentés faites selon ce critère, comme par exemple le lien d’Ulrich d’Augsbourg avec le duc Burchard III de Souabe, évoqués dans la Vita Sancti Oudalrichi. Cet emploi large du terme nepos est spécifique à l’espace germanique, sans doute, propose Laurence Leleu, sous l’influence de la langue vernaculaire. Ce qui est important c’est de pouvoir opposer les parents et ceux qui ne le sont pas. En revanche, on oppose bien oncle et tante paternels aux oncle et tante maternels en Germanie, alors qu’on ne le fait pas en Francie. Ceci semble renvoyer à une attitude réellement différente envers ces personnes selon les espaces. Il est beaucoup moins certain que ce soit le cas pour les cousins éloignés, avec qui on peut avoir une relation forte en Francie occidentale, malgré l’usage indifférencié du terme nepos.

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