jeudi 28 février 2008

Présentation de HagHis

Depuis quelque temps, à l’occasion de discussions avec les uns et les autres, nous avons fait le constat suivant. Nombreux sont désormais les jeunes chercheurs s’intéressant aux sources hagiographiques médiévales dans leur ensemble – c’est-à-dire aux documents qui d’une manière ou d’une autre visent à entretenir le culte des saints – même si les espaces, les périodes, les thèmes exploités ainsi que les angles d’approches sont souvent très différents. Or, nous avons peu souvent l’occasion de réfléchir sur cette diversité, partant du postulat que la définition du « genre » hagiographique allait de soi.

Pour cette raison, nous avons décidé de former un groupe de recherche en hagiographie médiévale. La plupart des autres pays européens possèdent déjà de tels groupes, d’importance variable. Il nous a semblé que le modèle qui pourrait le plus facilement inspirer nos travaux est celui de l’Atelier belge qui, jusqu’en 2001, organisait régulièrement des journées thématiques, éditait un petit bulletin diffusé par Brepols et disposait d’un site internet : http://www.fundp.ac.be/philo_lettres/histoire/a01.htm.

Il nous a paru également important d’ouvrir ce groupe à de jeunes chercheurs (historiens, philologues, mais aussi liturgistes, etc.) travaillant dans des spécialités qui, par la force des traditions académiques, ont eu trop souvent tendance à s’ignorer.

Dans l’état actuel de nos réflexions, il nous a paru possible d’organiser les activités de ce groupe de la façon suivante :

- L’organisation une fois par an d’une journée thématique prise en charge par l’un ou l’autre des membres du groupe, mêlant interventions de chercheurs confirmés et réflexions en atelier.

- Un travail commun de traduction d’un texte hagiographique, pour commencer les Vies de saint Léger. Le groupe de traduction se réunit régulièrement, environ quatre fois par an.

- La mise en place d’un site internet. Il se fait l’écho des travaux menés en hagiographie : intitulés de colloques et de conférences, séminaires, thèses et mémoires de master en cours et achevés, bibliographie courante, ressources électroniques et, selon les disponibilités des uns et des autres, courtes recensions. Le site abrite naturellement aussi les résumés des journées d’étude du groupe.

- Ce site est aussi un premier support pour une entreprise collective de publication en ligne d’un répertoire sommaire des dossiers hagiographiques rencontrés par les membres au cours de leurs travaux (n° BHL, références des éditions et des traductions, remarques sur la tradition manuscrite, datations communément retenues, bibliographie, etc.) : l’intérêt de ce catalogue est de pouvoir être enrichi au fur et à mesure un peu comme le sont actuellement les notices hagiographiques du Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon : http://www.bautz.de/bbkl/.


Bruno Dumézil, Stéphane Gioanni, Sylvie Joye, Charles Mériaux

Vincent-Madelgaire

Auteur: Charles Mériaux

Vincentius-Madelgarius - Vincent-Madelgaire
Abbé de Soignies (VII siècle)

Bibliographie sur le saint et son culte : Jacques Deveseleer dir., Saint Vincent de Soignies. Regards du XXe siècle sur sa vie et son culte, Soignies, 1999 (Les Cahiers du Chapitre. 7) ; id. dir., Reliques et châsses de la collégiale de Soignies. Objets, cultes et traditions, Soignies, 2001 (Les Cahiers du Chapitre. 8).

Notice dans le Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (par Andreas Merkt) : http://www.bautz.de/bbkl/v/vincentius_madelgarius.shtml

Remarques sur la diffusion du culte : il est contemporain de la date de rédaction de la première Vie et n’a jamais dépassé les environs immédiats de l’abbaye de Soignies.



1. Vita Vincentii Madelgarii prima (BHL 8672) ; Miracula (BHL 8673).

Édition de référence : Albert Poncelet, dans Analecta Bollandiana, t. 12, 1893, p. 426-439 (BHL 8672) ; ibid., p. 439-440 (BHL 8673).

Traduction (Vita et Miracula) : Sandra Mangoubi, « Une traduction de la Vita Vincentii prima », dans J. Deveseleer (dir.), Saint Vincent…, p. 23-33 ; à lire avec les observations de Michel de Waha, « Saint Vincent, Soignies, Lotharingie, Hainaut. Apports et questions de la recherche récente », dans Revue belge de philologie et d’histoire, t. 80-2, 2002, p. 599-630, aux p. 626-630.

Observation sur la tradition manuscrite : 1 ms (Mons, Bibl. publique, ms 847 [= Wins, ms 4] du XIe siècle autrefois conservé à Saint-Ghislain).

Auteur, contexte de rédaction : Vie rédigée entre 1015 et 1024/1025, plus vraisemblablement à Hautmont (F. De Vriendt) qu’à Soignies (A.-M. Helvétius) dans un milieu lié à l’évêque Gérard Ier de Cambrai (M. de Waha).

Bibliographie : Anne Marie Helvétius, Abbayes, évêques et laïques, une politique du pouvoir en Hainaut au Moyen Âge (VIIe-XIe siècles), Bruxelles, 1994 (Crédit Communal. Collection Histoire, série in 8°.92), p. 227-335 ; ead., « Le culte de saint Vincent de Soignies : histoire d’un conflit hagiographique du IXe au XIIe siècle », in Cl. Billen, J.-M. Duvosquel, A. Vanrie dir., Hainaut et Tournaisis. Regards sur dix siècles d’histoire. Recueil d’études dédiées à la mémoire de Jacques Nazet (1944-1996), Bruxelles, 2000 (= Archives et bibliothèques de Belgique, n°spécial. 58 ; Publications extraordinaires de la Société royale d’histoire et d’archéologie de Tournai. 8), p. 31-59 ; François De Vriendt, « Les deux Vies latines de saint Vincent de Soignies (XIe-XIIe siècles). Un patrimoigne sonégien ? », in J. Deveseleer dir., Saint Vincent…, p. 35-50 ; M. de Waha, « Saint Vincent… ».


2. Vita Vincentii Madelgarii secunda (BHL 8674)

Édition de référence : Jean-Baptiste Du Sollier, dans Acta sanctorum, juillet, t. 3, Anvers, 1723, p. 668-677.

Observation sur la tradition manuscrite : 18 témoins repérés par F. De Vriendt, « Les deux Vies latines… », p. 46-47.

Auteur, contexte de rédaction : par un ancien moine de Soignies au début du XIIe siècle (F. De Vriendt).


3. Miracula Vincentii (BHL 8675)

Édition de référence : Jean Baptiste-Du Sollier, dans Acta sanctorum, juillet, t. 3, Anvers, 1723, p. 678-682.

Observation sur la tradition manuscrite : 8 témoins repérés par F. De Vriendt, « Les deux Vies latines… », p. 46-47 et id., « Les Miracula sancti Vincentii… », p. 73, n. 26 (toujours à la suite de la Vita secunda).

Auteur, contexte de rédaction : par l’auteur de la Vita secunda (F. De Vriendt).

Bibliographie : F. De Vriendt, « Les Miracula sancti Vincentii (XIIe siècle). Exaltation des reliques, promotion du culte et défense des intérêts du chapitre », in J. Deveseleer dir., Reliques et châsses…, p. 57-74.

mercredi 20 février 2008

Traduction des Vies de saint Léger

L'étude et la traduction d'un document choisi pour son intérêt historique et littéraire réunit régulièrement le groupe: il s'agit dans un premier temps de la Passion de saint Léger d'Autun (+ 682). Nous avons traduit le fragment de la Vie de l'anonyme d'Autun (= les seuls ch. 23-37 de la Vita prima reconstituée par Br. Krusch dans MGH SRM, t. V, p. 304-320) avant d'aborder la Vie d'Ursin (ibid., p. 323-356). L'ensemble permettra non seulement de travailler sur le personnage historique de Léger mais aussi d'aborder, à partir d'un cas précis, les problèmes de la réécriture (puisque les deux Vies ont été fondues ensemble dans le courant du VIIIe siècle). Ce travail devrait déboucher sur une publication, et comportera aussi un nouveau travail sur l'édition de ces textes.
La prochaine réunion se tiendra le samedi 8 mars à partir de 9h30 dans la salle Perroy (Sorbonne, monter par l'escalier R qui se trouve dans la galerie Jean-Baptiste Dumas). Elle durera jusqu'à la fin de l'après-midi. Nous reviendrons sur les traductions déjà ébauchées dans les séances précédentes, et nous traduirons ensuite les chapitres 17-33.
Une bibliographie sommaire concernant Léger a été réunie : http://irhis.recherche.univ-lille3.fr/dossierPDF/BiblioLeger.pdf

La journée saint Eloi

la Vie de saint Éloi : bilan et perspectives de recherche

Paris (Sorbonne), samedi 17 janvier 2009

Monétaire de Clotaire II puis de Dagobert Ier devenu évêque de Noyon et Tournai à la mort de ce dernier, saint Éloi († 660) est considéré comme l’une des plus hautes figures de la cour mérovingienne dans le second tiers du VIIe siècle. Mais chacun sait aussi que sa mémoire fut servie par une biographie exceptionnelle que tout historien du haut Moyen Âge est amené à consulter un jour ou l’autre.

La Vie se présente comme l’œuvre contemporaine du métropolitain de Rouen, saint Ouen († 684), qui avait longuement fréquenté Éloi à la cour. Au XIXe et au début du XXe siècle, les érudits ne cessèrent de scruter le texte et de discuter cette attribution. De ces vifs débats scientifiques que nourrirent Bruno Krusch (son dernier éditeur), Léon Van der Essen ainsi que le chanoine Elphège Vacandard se dégagea progressivement l’idée que dans sa forme actuelle, le texte avait été profondément remanié à Saint-Éloi de Noyon dans le courant du VIIIe siècle.

Depuis quelques décennies l’intérêt que les chercheurs prennent à l’étude des textes hagiographiques s’est élargi : il ne s’agit plus seulement de trier le vrai et le faux, mais de comprendre de manière plus générale la genèse, les étapes de diffusion et la réception des œuvres. Le moment nous semble donc propice pour lancer une nouvelle discussion autour de la Vita Eligii dont la traduction d’Isabelle Westeel (2e éd. Noyon, 2006) offre désormais un solide cadre de réflexion. Cette rencontre entend ainsi faire un point sur un ensemble de problèmes philologiques et linguistiques débattus depuis près d’un siècle (auteur, remanieur, sources utilisées, réception de l’œuvre) à la lumière des découvertes récentes – en particulier de manuscrits dont Krusch n’avait pas connaissance. Il s’agira aussi d’examiner les implications que ces observations peuvent avoir sur notre connaissance d’Éloi, de la royauté et de l’épiscopat mérovingien.

Il serait illusoire de vouloir clore définitivement le dossier. Cette rencontre veut donc être un moment de discussion où se confronteront les points de vue de tous ceux qui ont eu à travailler sur la Vita Eligii. Nous souhaiterions qu’elle prenne la forme d’un atelier qui mette aussi l’accent sur des problèmes de méthode dont les participants, doctorants et chercheurs plus confirmés, devraient trouver le meilleur profit. La durée des exposés est de 45 minutes et le même temps sera réservé à la discussion. Nous souhaiterions vivement que chaque contribution puisse être accompagnée d’un petit dossier de documents qui, s’il est adressé suffisamment tôt aux organisateurs, pourra être diffusé avant la rencontre. Celle-ci ne devrait pas donner lieu à une publication ; les organisateurs s’engagent néanmoins à en rédiger un compte rendu substantiel.

Organisation : Bruno Dumézil (Université de Paris X – Nanterre) ; Stéphane Gioanni (Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne) ; Charles Mériaux (Université de Lille III – Charles-de-Gaulle).